Le courage de paraître injuste

Publié le par abbé Gédéon

 

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PETIT EXERCICE D'EXÉCRATION

Colère publique pour sauver la charité de l’emprise pernicieuse de la tolérance. 


Avec amusement, je constate combien j’exècre les gens qui ne savent pas admirer et combien j’admire les gens qui savent exécrer. Certes, le terme exécrer n’est peut-être pas le bon, sinon pour se faire conspuer par les thuriféraires de la tolérance principielle et de l’amour global. Notons que cela aurait le mérite de prouver –si c’était encore à faire– que l’application pratique de ces grands sentiments ne peut que s’évanouir dans les brumes des généralités crypto-existentielles dès qu’elle rencontre un obstacle sous la forme insultante d’un contradicteur qui ne réponde pas aux critère de la globalité catégorielle. 

Quoi qu’il en soit, avec ou sans ce terme d’exécration, j’admire les grands imprécateurs qui savent pourfendre autre chose que des constructions conceptuelles, des virtualités idéologiques, ou des objets de repentance posthume. J’aime que l’on nomme son adversaire, et je raffole qu’on le nomme à l’aide d’un vocabulaire qu’une verve audacieuse a choisi pour la franchise et la justesse de sa truculence. Ce n’est pas accordé à tout le monde : il y a un savoir exécrer ! Saura-t-on me rappeler qui a dit que la liberté se mesurait à la capacité de s’offusquer ? 

Bien sûr, ceux qui ne lisent la Bible que pour la renvoyer à la tête de ceux qui cherchent ingénument à la pratiquer s’empresseront de me rappeler qu’il faut « aimer ses ennemis ». Sur cette affirmation que je goûte plus qu’eux même, je leur répondrai que pour les aimer, il faut en avoir qui ne soient pas seulement les chimères d’intellectuels d’avant-scène et d’arrière-garde. J’ajouterai par ailleurs que Celui qui nous a exhorté à telle pratique n’a pas hésité à traiter les siens –et bien en face s’il vous-plait– d’« engeances de vipère », de « sépulcre blanchis » et même de « fils du diable »… Cela ne l’a pas empêché de les aimer jusqu’à mourir pour chacun d’eux. C’est Lui encore qui nous conjure, par amour du pécheur, de ne pas le laisser revenir à son vomi avec la délectation du chien désabusé : « Si ton frère vient à pécher, réprimande-le ! (…) et s’il refuse encore de t’écouter, dis le à la communauté ». 
C’est un devoir de charité dont nous avons à répondre devant Dieu. J’ai bien dit de charité ; laquelle exclue les « discours doucereux et flatteurs qui séduisent les simples » contre lesquels (discours) l’apôtre tempêtait déjà. Car « la charité met sa joie dans la vérité », et comme la vérité, elle ne tolère pas de compromis. 

Respectes-tu et aimes-tu en vérité celui que tu ne considères ni capable, ni digne de la vérité au point de le laisser croupir dans le jus amer de son erreur tolérée ? La vérité et la charité sont de feu et ne tolèrent ni l’une ni l’autre la tiédeur et le mensonge de la demi-mesure… n’en déplaise aux BHL et autres Paolo Cuelho qui font respectivement profession de philosophie sans vérité et de sagesse sans charité, au nom de la poisseuse tolé-rance

Face à ces prétendus amants de la sagesse, ces prétendants philo-sophes (quel blasphème !) tout droit sortis d’un sitcom à message et grands sentiments, d’un philoft-story politiquement correct ou d’un conte de fée New-Age, face à la fadeur moite de leur souriante gueule de rien et à la révulsante platitude de leur propos, face au médiatique minimalisme de ces cogito-parasitaires, donc, nous ne pouvons que hurler à l’imposture. Hurler à l’imposture contre ces déserts qui ont la prétention de vendre (à prix d’or) de l’eau en poudre aux assoiffés, avec ce prétexte de la leur porter à domicile. 
« Il faut avoir parfois le courage de paraître injuste » nous dit Raoul Follereau, cet incontestable géant de la charité. 

Et c’est ainsi que nous oserons traiter sans détours ni vergogne de menteur celui qui –fut-il sincère– prétend parler, prétend penser tout en se voulant sevré de la vérité. Quand le ver luisant se prend pour le soleil parce qu’il a le cul qui brille, nous estimons que c’est lui rendre un charitable service de vérité que de le traiter de lombric infatué, ou de larve suffisante. Un véritable service de charité. 

NON DILIGAMUS VERBO NEC LINGUA SED OPERE ET VERITATE. 
IN HOC COGNOSCEMUS QUONIAM EX VERITATE SUMUS…
 

(I Jn 3,18-19) 

 

Publié dans États d'âme

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G
<br /> Bravo, mon père, pour cette page roborative.<br /> <br /> Mais dites-nous, quelle tête font vos paroissiens quand vous leur tenez ces discours en homélie ? ;-)<br /> Je serais bien curieux de votre paroisse, ça doit swinger.<br /> <br /> Gauthier<br /> <br /> <br />
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